"Ça te dit de faire une combinaison pour Mars ?" demande en avril 2016 Thibault Paris à Arno Passeron, son ami avec qui il partage sa chambre d’étudiant à l’École polytechnique. Ni une ni deux, l’idée fait mouche et le groupe d’élèves se forme dans le cadre du projet scientifique collectif de deuxième année. Avec Cédric Nogha, Benjamin Joyeux, Quentin Chamayou, Antoine Colin et Alfred Hammond, l’équipe est au complet.
Après avoir pris les mesures sur Thibault et créé leurs propres imprimantes 3D, les élèves commencent à modéliser toutes les parties de la combinaison. Pas moins de 213 pièces ont été imprimées soit 12 km de filament plastifié. "Jour et nuit, nous nous sommes relayés pour espérer rendre le projet à temps" explique Arno.
L’ensemble est assemblé de manière modulable, permettant une maintenance facilitée des différents composants. Cette innovation offre une grande flexibilité comme l’explique Thibault : "avec l’imprimante 3D, nous pouvons imaginer, concevoir et fabriquer sur place des combinaisons, les réparer et même les recycler". Ensuite, l’équipe se concentre sur le design de l’objet et sur la phase de test en faisant des simulations numériques pour noter les points faibles et faire les ajustements nécessaires.
Une partie de l’équipe s’est rendue à Marseille pour peaufiner la partie esthétique de la combinaison. Patrick Sibon et Armande Zamora, membres de l’association Planète Mars, ont réalisé les gants, tissus et bottes. De retour à Palaiseau, Thibault enfile la combinaison et fait de nombreux tests de mobilité sur le campus avant la présentation de leur projet de fin de deuxième année.
Même si le projet n'a pas pu être totalement terminé à temps (malgré 4 000 heures de travail dont 2 400 d'impression), il a obtenu 18/20 et a été primé lors du concours interne des projets scientifiques collectifs de l’École polytechnique.
Une aventure qui s’est terminée pour certains membres de l’équipe mais pas pour Arno et Thibault. Les deux compères se sont envolés pour les Etats-Unis afin de tester leur prototype. Du 16 au 31 décembre 2017, ils ont séjourné dans le désert de l’Utah. "J’ai pu faire des prélèvements de sols, de roches, guider un drone et j’ai même fait du quad en combinaison" explique Thibault. Les tests ont été concluants mais les tissus se sont abîmés. Au retour, le système de fixation pour alléger le poids de la combinaison a été également renforcé. "Il reste la partie d’étanchéité qui représente un gros travail" explique Arno.
Arno et Thibault n’ont pas la prétention de voir leur travail de longue haleine décoller dès à présent pour la planète rouge. C’était avant tout un projet étudiant, un partage de compétences et une belle aventure autour de leur passion pour l’aérospatiale. "Nous nous sommes vraiment amusés mais nous avons d’autres projets. Nous aimerions que la combinaison soit récupérée et améliorée par les prochaines promotions de l’X" explique Arno. C’est pourquoi, les plans seront en open source (accessibles à tous) sur internet.
"Au-delà de l’école, nous nous sommes également adressés aux groupes scolaires et au grand public lors de la fête de la science pour montrer que le monde du spatial est accessible." continue Thibault. Les deux étudiants ont surfé sur la vague de Thomas Pesquet pour nous faire rêver et notre petit doigt nous dit que nous n’avons pas fini d’entendre parler de ce beau projet…
1ère combinaison au monde imprimée en 3D