Il y a 50 ans, l'Essonne

Au milieu des années 60, les grues font partie du paysage francilien. Posées au milieu de nulle part ou plus exactement des champs de patates, elles défient le ciel. Pour répondre à l’explosion démographique et à la forte demande de logements, ça construit autour de Paris. Il s’agit aussi de réorganiser la région capitale, une volonté du général de Gaulle, alors président de la République.

Forte croissance

Depuis la fin de la guerre, la France, comme bon nombre de pays, connaît les Trente Glorieuses, cette période de forte croissance économique qui sera stoppée par le premier choc pétrolier en 1973. Sur les ondes, l’émission "SLC salut les copains?!" diffuse France Gall qui en veut à ce "Sacré Charlemagne". Pendant ce temps-là, les Beatles sont à l’affiche de l’Olympia avant de se lancer dans une tournée historique aux USA. Le 7e art est en pleine ébullition avec la nouvelle vague - née dix ans plus tôt - qui a vu apparaître des Truffaut ou Godard... Le monde change à vitesse grand V. L’Essonne dont la création officielle date de 1964* aussi.

Deux paysages radicalement différents se créent : un Sud rural et un Nord urbanisé. En dix ans, certains villages comme Grigny deviennent des villes. Aux côtés des immeubles, des lotissements de pavillons individuels sortent aussi de terre. Dans les grands ensembles de la Grande Borne, quartier construit à la fin des années soixante, on se rue pour obtenir un appartement. Ultramodernes, les logements ont l’eau courante et l’électricité. Tout le confort de la modernité.

Des provinciaux "montés" ici pour cause de mutation professionnelle, des émigrés venus du Maghreb ou du Sud de l’Europe qui trouvent refuge et travail ici... L’heure est au quasi plein emploi. Conçues par des architectes utopistes, les cités - des Tarterêts puis celles des Pyramides et plus tard des Ulis - sont au service du bien vivre ensemble. Pratiques, elles se veulent des constructions modèles par leur audace qui favorisent le lien entre les habitants et leur participation à la vie du quartier. Une idée que partage Paul Delouvrier dès 1965, lorsqu’il conçoit la ville nouvelle d’Évry qui regroupait alors les villages de Bondoufle, Courcouronnes et Lisses.

Développement du territoire

Face à cet essor, les besoins en transports en commun se développent. Pour y répondre, les ligne B, C et D du RER sont créées entre 1977 et 1987. En plus de l’A6 ouverte en 1960, d’autres routes sont percées comme l’A10 et la route nationale 104 aménagée dans les années 1980. À ces voies de communication s’ajoute la proximité de l’aéroport d’Orly.

Autant d’atouts qui décident de nombreuses entreprises à s’implanter en Essonne. Et notamment dans le parc d'activités de Courtaboeuf. Sur le Plateau de Saclay, le Com­missariat à l'énergie atomique (CEA) est déjà installé depuis longtemps. L’ouverture de l’université Paris-Sud 11 à Orsay (1971), de l’école polytechnique (1976) puis plus tard du Synchroton Soleil renforcent la vocation scientifique du secteur. Plus à l’est, autour d’Évry et de la ville nouvelle, c’est un autre pôle de recherche qui se développe. Autour de l’espace, d’abord, avec l’implantation du groupement Arianespace ; puis de la recherche génétique. Des équipements structurants de niveau départemental sont aussi développés : le théâtre de l’Agora d’Évry (1975), la base de plein air et de loisirs d'Étampes (1977), l’opéra de Massy (1993)...

*La loi du 10 juillet 1964 réorganise la région parisienne. La disparition de la Seine-et-Oise est annoncée, au profit de trois départements, dont l’Essonne. Le décret d’application de cette loi est promulgué le 25 février 1965. Il entre en vigueur le 1er janvier 1968.