Toujours dans la course

Tester les nouveaux véhicules

Du haut de ses piliers massifs, la haute masse de béton émerge à la manière des tribunes d’une arène sportive géante. Le rugissement grave d’un moteur remplace les cris des sportifs et de leurs supporters. Une voiture sans marque bardée de caméras et de capteurs circule pendant qu’un petit train touristique stationné sur le côté attend sagement quelques futurs tests. Riche d’une histoire sportive et industrielle unique, le circuit de Linas - Montlhéry continue à faire l’actualité de l’automobile.

"On voit passer la production des constructeurs automobiles français et une partie de celle de leurs concurrents européens" résume Laurent Benoît, président de l’Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle (UTAC-CERAM) propriétaire du circuit depuis 1946. Ce groupe privé contrôle le respect des normes européennes des nouveaux véhicules avant leur mise sur le marché et aide les industriels à développer des produits remplissant ces critères. 250 techniciens et ingénieurs sont ainsi employés dans les laboratoires et ateliers situés juste à côté de l’autodrome pour évaluer la sécurité, la fiabilité et la pollution. Des camions de pompiers aux voitures particulières en passant par les tracteurs ou les vélos, une bonne partie de ce qui roule sur les routes françaises est passée ou passera par Montlhéry…

Le plus ancien circuit français

En parcourant les 2,50 kilomètres de l’anneau de vitesse, on ressent quelques vibrations dues aux interstices entre les plaques en béton constituant la piste. Comment ne pas s’imaginer les sensations des pilotes d’il y a près d’un siècle ? Linas – Montlhéry est la saga d’une bande de pionniers et de merveilleux fous roulants. C’est à l’issue d’un repas avec l’équipe du journal "L’Aéro-Sports" dont il est le propriétaire que l’inventeur et industriel, Alexandre Lamblin fait le pari un peu fou de doter son pays d’un circuit de sport automobile pour rivaliser avec ceux de Monza en Italie et de Brooksland en Angleterre construits à la même époque.

Six mois plus tard en 1924, une piste ultramoderne de 2,5 kilomètres voit le jour à Montlhéry. Virages concaves savamment calculés pour permettre à des véhicules de 2 tonnes de rouler à plus de 200 km/h, éléments préfabriqués en béton, le jeune ingénieur Raymond Jamin auteur de cette œuvre n’a pas hésité à utiliser les techniques de pointe de l’époque. En 1925, un circuit routier de 12,5 kilomètres complète l’anneau de vitesse. A partir de 1926, 8 Grands prix de l’Automobile club de France, la plus ancienne compétition automobile française crée en 1906, seront courus dans ce décor champêtre. Ce parcours en pleine verdure sert maintenant de cadre pour perfectionner la conduite des particuliers mais aussi former les forces de l’ordre pour des missions spéciales.

La folle course aux records

Du haut de la tour de contrôle placée au centre de l’anneau face aux tribunes, on imagine aisément l’excitation des commissaires de courses observant jumelles aux mains le déroulement des compétitions. Dès ses débuts, l’autodrome de Linas - Montlhéry s’illustre comme un haut lieu d’exploits en tous genres. En 1933, la bien nommée "Petite Rosalie" basse sur roues et de silhouette trapue franchit 300 000 kilomètres à une moyenne de 93 km/h. Pour atteindre cette performance, 4 pilotes se relaient sur la piste essonnienne pendant 133 jours ! Le 1er novembre 1925, une étrange moto carénée entraîne à plus de 120 km/h un cycliste intrépide protégé par son seul casque de cuir! Toujours du côté cyclisme, le circuit routier de Montlhéry sera le théâtre de plusieurs championnats de France. Si aujourd’hui Linas - Montlhéry n’est plus employé pour les compétitions ou la réalisation d’exploits sportifs, des pistes annexes sont utilisées pour tester les réactions des futurs véhicules « intelligents » dans l’évitement d’obstacles ou les performances des pneumatiques en conditions d’adhérence réduites. A Montlhéry, l’avenir est déjà en route…