Dans l’atelier de Monsieur Arnault les élèves s’activent sous le regard d’un buste de Gainsbourg et d’une vénus grecque. Ce formateur anime l’unique formation française préparant en alternance au CAP de staffeur ornemaniste. Il transmet sa riche expérience d’une technique artistique aux applications multiples. « Les staffeurs doués ont toujours du travail » affirme sans hésiter ce professionnel chevronné.
Colonnes hautes de 5 mètres pour la salle de bal du film "La nuit des généraux", coupole de plus de 30 mètres de diamètre sur une mosquée de Djeddah en Arabie Saoudite, cage d’escalier et rambarde d’un immeuble du XVIIIe siècle à Paris, cet artisan hors norme a participé à des chantiers variés et prestigieux. Sa carrière est un bel aperçu des innombrables débouchés du staff, l’art de la création de décors en plâtre. En plus du bâtiment, principal pourvoyeur de travail, les musées, la publicité, les objets touristiques ou les reproductions scientifiques sont également demandeurs de staffeurs qualifiés. Du Louvre aux publicités d’un parfumeur ou d’une marque de champagne en passant par les moulages d’un site archéologique, les artistes du plâtre sont partout chez eux !
Dessins cotés, profils, épures, les murs sont couverts de documents préparatoires. "Il faut avoir la fibre artistique mais aussi de la logique et du bons sens" remarque Julien absorbé par la confection d’un chapiteau. A l’issue de ses deux ans de formation au CAP, cet apprenti plein d’avenir prépare le concours "Un des Meilleurs Apprenti(e)s de France". Après avoir conçu et dessiné le projet, il découpe une plaque de zinc reproduisant le profil à obtenir. Cette découpe est ensuite solidement assemblée sur un châssis de bois et de plâtre. Cet instrument servira à travailler le plâtre encore frais. Plusieurs étapes de modelage et de moulage seront encore nécessaires avant d’obtenir l’objet fini.
Préparer du plâtre ne s’improvise pas. Il faut concocter un matériau ni trop liquide ni trop dense dans une eau à température contrôlée pour maîtriser le temps de prise. Des fibres végétales peuvent être ajoutées pour renforcer et alléger le mélange. Exigeantes et parfois ingrates au début, ces tâches mobilisent la concentration des apprenti(e)s. Marie saupoudre précautionneusement le plâtre au dessus de l’eau puis, après avoir attendu quelques minutes, mélange directement le tout avec ses doigts. "Reconstituer de la pierre avec de l’eau et de la poudre, c’est ça la magie du plâtre !" s’enthousiasme Caroline, une autre apprentie staffeuse.
Cette diplômée de l’école Boulle en sculpture sur bois réalise maintenant des moulages pour le musée du Louvre. Elle prépare le CAP de staffeur ornemaniste pour parfaire ses compétences professionnelles. Pour Eric, la reconversion est plus radicale puisque celui-ci a quitté un emploi dans la sécurité incendie pour se lancer dans le staff. D’âges et de profils différents, les étudiants staffeurs sont unis par la même passion de la matière. Ils seront amenés au cours de leur carrière à travailler de concert avec des architectes, des décorateurs d’intérieur, des scientifiques ou des publicitaires. Le staff est un métier d’intérieur résolument ouvert sur le monde !